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UNE NOUVELLE HISTOIRE D'ALICE
24 janvier 2009

ALICE (5)

autumn_gardener



PREMIERE RENCONTRE AVEC LE MAITRE




Tout à coup, au détour d’une allée, Alice aperçut une silhouette toute de bleu vêtue, c’était un homme de taille moyenne et d’un âge déjà avancé, mais à l’allure sportive et guillerette, il avait un teint de pain d’épices qu’Alice n’avait jamais observé chez aucun autre homme en Angleterre, et qui tranchait délicieusement avec le blanc neigeux de son abondante chevelure que le vent soulevait par vagues et qui retombait aussitôt pour venir se replacer exactement à sa place. « Tiens » se dit Alice, qui était gourmande, « On dirait une profiterole au chocolat surmontée d’une bonne dose de chantilly ». A cette évocation, Alice se mit à pouffer intérieurement. L’homme marchait d’un bon pas et se rapprochait d’elle. Il ne la vit qu’au tout dernier moment et s’arrêta surpris devant la fillette. Ses petits yeux noisette malicieux l’observaient attentivement. Alice resta un instant subjuguée par cette rencontre.

- Bonjour, dit Alice, est-ce vous qu’on appelle le maître ?


-
 
C’est exact, dit le maître, appelez-moi maître.


-
 
Bonjour, Maître, dit Alice.


-
 
Et vous, mademoiselle, puis-je connaître votre nom ?


-
 
Je m’appelle Alice, dit Alice.


-
 
Que faites-vous sur mes terres ? dit le maître


-
 
Mais je… je … bafouilla Alice.


-
 
Ne vous excusez pas, il passe si peu de petites filles par ici, que vous recevoir constitue pour moi un réel plaisir. Vous prendrez bien un verre ? Venez donc vous asseoir avec moi quelques minutes… mais seulement quelques minutes, précisa le maître, car mon temps est compté et je suis pressé de retourner à mes écriture

 

Et il lui tendit un verre de sirop de coquelicot qu’Alice but d’un trait et qu’elle trouva délicieux. Toutes les émotions de la journée l’avaient assoiffée et elle avait tant parlé avec ses amis les arbres qu’elle avait le gosier tout desséché. Tout en buvant, Alice observait le maître à la dérobée.


- Ne vous ai-je pas rencontré déjà quelque part ? dit Alice en rougissant légèrement.


-
 
Ca m’étonnerait dit le maître, je sors si peu…


-
 
Si, si, dit Alice, c’était il y a bien longtemps, je devais avoir quatre ou cinq ans, c’était sur le quai d’une gare, quelque part dans le Nord de la…


-
 
Je ne vais jamais dans le Nord, dit le maître, d’une voix douce mais qui savait rester ferme.


-
 
Il y avait un Monsieur assis sur un banc et tout à côté de lui, une dame qui pleurait en silence…


-
 
Et alors ?

 

- … Et lui, au lieu de la consoler, poursuivit Alice, prenait une mine si sévère et si … si fermée que son attitude envers son… amie, euh…sa maîtresse, enfin, envers… envers cette dame, qui avait l’air si désolée de le quitter, quoi… m’a poursuivie pendant de nombreuses années encore. Je me disais, du haut de mes cinq ans : moi, mon papa, quand ma maman a du chagrin, il la prend dans ses bras et l’embrasse pour la consoler et ce Monsieur…


-
 
J’en aurais fait autant, dit le maître, j’ai horreur des pleurnicheries.


-
 
Si je comprends bien, dit Alice, quand j’ai perdu ma poupée dans les allées de Covent Garden, ce jour de printemps 2001, je n’aurais pas dû pleurer non plus ?


-
 
Si, dit le maître, tu pouvais pleurer, parce que tu savais que tu ne la reverrais plus, ta poupée, qu’on avait dû te la voler, ou te la piétiner, qu’elle avait été dévorée par un chien ou abîmée par les intempéries ... ou tout simplement jetée dans une poubelle… tandis que cette dame n’avait pas, je pense, de véritable raison de s’inquiéter…


-
 
Peut-être, dit Alice, était-elle dans la crainte de ne plus le revoir avant longtemps et c’est ce qui la rendait si triste ?


-
 
Chaque instant de la vie est précieux
, dit le maître, avec une gravité soudaine, si on abîme cet instant ne serait-ce que quelques secondes, c’est la vie même qu’on assassine. Souviens-toi de ces paroles, Alice, tu en auras besoin à de nombreuses occasions dans ta vie. Allez, Adieu, et au plaisir de te revoir. Mais que je ne te surprenne pas à piétiner mes fleurs ou à les arracher, sinon, tu auras affaire à moi !

      - Bye, bye, dit Alice sur un ton de familiarité et d’insouciance propre à la jeunesse qui se sent      partout chez elle. Et elle repartit en sautillant dans les allées.


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