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UNE NOUVELLE HISTOIRE D'ALICE
17 janvier 2009

ALICE (4)

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MIDI NET


C’est à ce moment qu’elle aperçut, trottant menu dans l’allée, la silhouette d’un bon vieux matou tricolore qui s’avançait vers elle en minaudant.


- Bonjour, Monsieur Le Chat, dit Alice.


-
 
Madame LA Chatte, rectifia le chat.


- 
Pardon, je n’avais pas chaussé mes lunettes, plaisanta Alice, je me présente, je m’appelle Alice, et vous ?


- 
Midi Net.


- 
Je ne vous demande pas l’heure, dit Alice, je vous demande votre prénom


- 
Midi Net, Midi Net répéta la chatte avec obstination.


- 
Décidément, cette chatte est fêlée, ça doit être les excès du soleil…


- 
Vous feriez bien de vous regarder vous-même, dit la chatte, avec votre gros nez rouge, vous ressemblez au clown Zavatta.


- 
Connais pas, répondit Alice, piquée au vif. Et vous, avec vos taches sur tout le corps, vous avez l’air de quoi ? De quelqu’un qui, malgré son grand âge, ne sait pas encore manger proprement. Vous auriez besoin d’un bon pressing, poursuivit elle, suivi d’un bon repassage pour supprimer tous les faux plis…hi hi…


Midi Net se redressa de toute sa hauteur et avança dignement devant Alice en relevant fièrement la tête et en érigeant sa queue le plus droit qu’elle le put au dessus de son dos. Elle lui jeta au passage un regard de braise qui n’impressionna nullement Alice


- Même ma chatte Dinah ne voudrait pas de toi, dit Alice


-
 
Je me fiche de votre chatte comme de l’an quarante, rétorqua Midi Net du tac au tac.


-
 
Et moi de vos chatteries de vieille cocotte en chaleur, dit Alice.


-
 
Bon, arrêtons-là, il n’y a pas de quoi fouetter un chat, dit la chatte.


- 
Mais une chatte, si, pouffa Alice, surtout une chatte qui porterait le nom de Midi Net !


- 
Je suis le chat d’un écrivain, dit la chatte, et ça n’a pas de prix, peut-être un jour figurerai-je dans une anthologie avec la photo de mon illustre maître et moi sur ses genoux, ou sur sa table d’écriture, comme Colette, comme Edern Hallier, Pierre Loti ou Frédérique Hébrard. Ou encore Cocteau, Bernard Clavel et tant d’autres. Ca t’en bouche un coin, hein ?


-
 
Qui vous a permis de me tutoyer, dit Alice, hors d’elle, on n’a pas gardé les cochons ensemble !


- 
Dieu m’en garde, dit le chat, on ne mélange pas les torchons et les serviettes ni le bon grain avec l’ivraie, pas plus que les chats avec les chiens…


- 
Que ce greffier m’agace avec ses phrases toutes faites, dit Alice, tu es bien le chat de ton maître…


-
 
Mais vous l’insultez ou quoi, attendez que je sorte mes griffes


- 
Ce n’est pas lui que j’insulte, mais VOUS, car vous prenez tous les travers et les clichés des mauvais écrivains.


- 
Et vous les manies grandiloquentes d’une Anglaise paumée et perdue au fin fond de la France, que faites-vous là, au juste ?


-
 
Si je le savais seulement, déplora Alice, je suis désolée, je n’aurais pas dû…


- 
Allons, faisons la paix, dit Midi Net, ce serait mieux pour tout le monde.


- 
Top là, dit Alice, viens que je te fasse un câlin, et toi, pour te faire pardonner, viens me faire un gros ronron…


- 
Un chat célèbre ne s’abaisse pas à ce genre de sottise, dit Midi Net, vexée, un chat bien élevé ne doit pas dévoiler ses sentiments, même si ce sont des manifestations de bien-être et de satisfaction !


- 
Pardon, dit Alice, tu as raison, ce sont des comportements juste bons pour de vulgaires chats de gouttière, mal dégrossis et ignorant tout des codes de la Bourgeoisie et de la haute société.

 

Et ils se quittèrent les meilleurs amis du monde.

 

Alice se dit qu’elle avait encore le temps de faire un petit tour dans le parc avant le coucher du soleil. Elle atteignit donc un endroit où trônait un splendide chêne qui déployait ses branches avec majesté et beaucoup de grâce.


- Bonjour, dit Alice, je suppose que vous êtes un chêne, nous avons le même dans notre jardin, mais en moins gros, chez moi, en Angleterre. 


- 
Tu as vu juste, dit le chêne, on m’appelle le Grand Sage, je peux t’être de bon conseil, si tu as quelque chose à me demander, je suis tout à ton service 


- 
Me ferais-tu la grâce de l’hospitalité tous les soirs et toutes les nuits où je séjournerai ici, demanda Alice ? 


- 
Avec plaisir, dit le GS, c’est un honneur de recevoir sous mon toit une petite demoiselle aussi jolie et aussi élégante que toi. 

 

Alice se mit à rougir, elle ne s’attendait pas à de tels compliments, après les insultes et les goujateries du rabougri de tout à l’heure.


- Vos compliments me vont droit au cœur, dit Alice, je ne pensais pas qu’un arbre de votre espèce puisse abaisser son regard sur une petite fille aussi fade et ordinaire que moi. 


- 
Et pourquoi, fit le chêne, surpris, les grands de ce monde ne devraient-ils fréquenter que leurs semblables, les riches avec les riches, les pauvres avec les pauvres, les malheureux avec les malheureux ? 


- 
Asinus asinum fricat, cita Alice de mémoire. 

 

Cette citation fit beaucoup rire le chêne. « Cette petite a du tempérament, pensa-t-il, et en dehors de sa grande beauté, je sens en elle une vive intelligence, beaucoup de finesse, un puissant imaginaire et une certaine joie de vivre. »


- Nous allons bien nous entendre, fit le chêne


-
 
Je le crois aussi, répondit Alice. A ce soir, cher ami, et merci encore pour votre hospitalité.

      - A ce soir, Alice, dit le chêne.

 

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