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UNE NOUVELLE HISTOIRE D'ALICE
14 mars 2009

ALICE (12) et fin

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RENCONTRE AVEC LES ROSES

 

Le lendemain matin, Alice se réveilla de bonne humeur, elle avait bien dormi, comme de coutume, et la conversation d’hier soir avec le pic vert l’avait rassérénée. Dieu merci, il existait encore sur terre des gens sensés attachés aux vraies valeurs. C’est d’un pas alerte et sautillant qu’elle se dirigea vers la maison du maître. Elle savait qu’il était absent aujourd’hui, il devait donner une conférence dans les environs. Arrivée au pied de l’annexe qui jouxtait le bâtiment principal, elle fut éblouie par un bataillon de roses grimpantes qui s’épanouissaient au soleil de toute la force de leurs pétales et de leurs couleurs.

 

- Bonjour, Mesdames les roses, je vous trouve absolument éblouissantes, aujourd’hui.


-
 
Bonjour, Alice, nous nous demandions si tu nous boudais, n’ayant pas encore eu l’honneur de ta visite.


-
 
J’ai tant de choses à voir et le jardin est si grand, dit Alice, que je ne sais par quel bout commencer.


-
 
Les codes de bienséance, pourtant, auraient voulu que tu commences par nous !


-
 
Et pourquoi ? Parce que vous êtes plus nombreuses, et que vous croyez encore que l’union fait la force ?


-
 
Ne te fâche pas, Alice, dit une superbe Meilland qui se redressait fièrement sur sa tige.


-
 
Ne croyez pas m’apprendre quoi que ce soit sur les roses, dit Alice. En Angleterre, nous avons des variétés merveilleuses que l’on appelle anglaises, anciennes ou rustiques et qui n’existent dans aucun autre pays au monde.


-
 
Ah ! bon ? firent les roses étonnées. Nous avons toujours cru que nous étions les plus belles !


-
 
Connaissez vous
la Old pink, la Tuscany et la William Lobb? dit Alice avec fierté

 

- Non, dirent les roses, et qu’ont-elles de mieux que nous

- Ce sont des fleurs très anciennes, mousseuses et délicatement parfumées. Ce sont des reines de grâce et d’élégance aux douces nuances de rose, cramoisi et violet

- Nous sommes bien honorées de l’apprendre, dirent les roses, en baissant la tête de dépi

 

- Il est toujours temps de s’informer, dit Alice, non sans malice. Mais pour des roses françaises, je ne vous trouve pas mal non plus

- Merci Alice, et donne le bonjour à nos amies anglaises, quand tu les reverras

 

DERNIER ENTRETIEN AVEC LE MAITRE


            alice2  avait beau passer des moments merveilleux avec tous les hôtes du parc, vint un temps où elle commença à s’ennuyer sérieusement et à songer à rejoindre son pays. Elle avait pratiquement rencontré tous les spécimens importants du domaine et savait presque tout de leur vie. Sa famille lui manquait, ses parents lui faisaient cruellement défaut et elle se dit qu’il était temps de retourner chez elle. Mais avant son départ, elle décida de prendre un dernier goûter chez le maître.

 

- Alice, voilà plusieurs jours que je ne vous ai vue, que devenez-vous ?


-
 
Bonjour, Maître, j’ai appris beaucoup de choses ici, et de très importantes, j’ai eu un grand plaisir à vous rencontrer et à converser avec vous, mais je m’ennuie terriblement de ma maison.


-
 
C’est normal, chère Alice, il est un temps pour tout : celui du rêve, des découvertes et celui des réalités et des contraintes.


-
 
Je sais, dit Alice, il me faut faire des choix…


-
 
Et choisir, c’est renoncer, dit le maître.


-
 
J’aimerais ne pas devoir renoncer, j’aimerais être ici et j’aimerais être là-bas, je voudrais ne plus vous quitter, dit Alice.


-
 
Pourtant, il le faudra, chère enfant, la vie est cruelle, elle est faite de séparations et de rencontres. Un jour, tu trouveras l’homme de ta vie, et tu n’auras plus qu’un seule envie : vivre avec lui une vie d’amour et de partage.


-
 
Je ne veux pas partir, dit Alice, mais je ne veux pas rester non plus…


-
 
Peu importe, dit le maître, ta vie est là où ton cœur te mène, tu seras tantôt ici, et tantôt là-bas, il ne tiendra qu’à toi de choisir. Ne crois pas que les frontières entre les mondes soient aussi rigides qu’on le dit…


-
 
Ainsi, je pourrai vous parler, vous voir, vous sentir, vous embrasser malgré la distance ?


-
 
Tout à fait, dit le maître, et même il m’arrivera de te répondre et de te dire, par delà les frontières : ne pleure pas, Alice, je ne suis pas si loin de toi, je suis même là, tout proche, beaucoup plus proche que tu ne le crois… il te suffira de bien fermer les yeux, de faire le vide en toi et de penser à moi très très très fort.


-
 
Merci, maître, dit Alice en séchant ses larmes, vous ne m’avez pas grondée cette fois et je vous en suis reconnaissante.


-
 
Non, parce que tes larmes sont sincères et que je sais pertinemment que les chagrins des petites filles fondent tout aussi vite que  neige au soleil. Allez, bonne chance, Alice, et prends bien soin de toi !

FIN

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cloclo, V.,  mai 2008

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Commentaires
E
delicieux, chere cloclo, et jolies images poetiques... aurais tu une version imprimée par hasard?
UNE NOUVELLE HISTOIRE D'ALICE
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