ALICE (2)

LANGAGE VERT

-   Qui va là ? dit soudain une voix forte et terrifiante. Alice scruta les alentours, se retourna, mais ne vit personne.

- Halte là ! reprit la voix de plus belle, qui êtes-vous ?

Il lui sembla que la voix partait du petit bois de pins en bordure droite du terrain et que cette voix tombait du ciel, au lieu d’y monter. Un arbre, un arbre lui parlait ! C’était un pin majestueux, le plus beau de toute la pinède. Il devait déjà avoir un âge avancé.

- Je m’appelle Alice, dit Alice en tremblant comme une feuille.

- Bienvenue dans le domaine des roux sillons, s’entendit-elle répondre.

- Bonjour, Monsieur le Pin, savez-vous à qui appartient ce domaine ?

- Il appartient au maître, répondit le pin et si vous vous avisez d’être impolie ou indiscrète avec lui, vous passerez un mauvais quart d’heure !

- Il te passera à la moulinette, dit un pin du voisinage.

- A moins qu’il ne te pèle les dents, dit un autre en ricanant.

- Ou ne te mette la tête entre les deux oreilles, ajouta un troisième.

Alice amorça un mouvement de repli, mais l’arbre s’en aperçut aussitôt.

- Hop hop hop dit le pin, on entre par effraction et on voudrait ressortir sans permission ? Vous êtes ma prisonnière et vous resterez là tant que je ne vous en chasserai pas.

- C’est donc vous qui faites la loi ici ? demanda Alice.

- Pas vraiment, dit le pin, en se radoucissant, mais ici, c’est le premier qui parle qui a raison.

- Et le maître des lieux n’en prend pas ombrage ?

- Le maître des lieux a toujours raison, même s’il parle en dernier.

- Ah ! Je préfère, dit Alice. Au fait, quel est votre petit nom ?

- Moi c’est Jo les gros bras, dit Jo non sans une certaine fierté. A côté, c’est mon ami le Vert Galant, toujours prêt à tirer un bon coup…

- Jo, je te défends de parler ainsi devant une demoiselle, dit une petite femelle pin très pimpante en prenant des airs pincés.

- Mais ne sois donc pas aussi bégueule, ma Poulette, dit Jo, tout le monde sait qu’il n’y a plus d’enfants, n’est-ce pas Ali… Ali…

- Baba, dit le farceur du bout de la rangée.

- Alice, Monsieur le Pin, je m’appelle Alice.

- Ne vous excusez pas, dit Jo, et appelez moi Jo, comme tout le monde.

- D’accord, Jo, dit Alice

Et c’est ainsi qu’Alice fit la connaissance des hôtes du petit bois.

Comments

[plumeagile]

Merci pour ton commentaire, Kanaga, je suis heureuse de te retrouevr sur les ateliers et de lire tes textes toujours si bien écrits. Je manque un peu de temps pou y répondre, mais sois sûre que je les apprécie breaucoup ! cloclo

[kanga]

Cloclo, j'ai adoré cette nouvelle histoire d'Alice, petite fille réfléchie et avisée, mais qui ne s'étonne de rien ! Un monde plein de poésie et d'empathie...

kanga