ALICE (1)

28 décembre 2008

UNE NOUVELLE HISTOIRE

D'ALICE

conte moderne

réécrit par Cloclo

PREAMBULE

Alice, petite fille enjouée et fantasque, mais qui surprend par son étonnante maturité, va profiter de son court séjour au Domaine pour s’entretenir avec ses habitants sur toutes sortes de sujets qui lui tiennent à cœur. Sa rencontre avec le maître lui permettra de mieux aborder sans tabous des thèmes importants, en particulier, à l’heure des premiers émois, celui de l’amour et du bonheur.

Comment Alice se retrouva-t-elle propulsée dans ce petit coin perdu de France aux confins de la Provence, dans un décor de rêve aux senteurs de lavande, de thym, de romarin, de menthe fraîche et de farigoule ? Personne ne le sut jamais, pas même elle. Elle se souvenait tout juste d’un tunnel interminable, dans lequel elle s’était trouvée par hasard, sans lumière, avec très peu d’air et qu’elle avait traversé dans le noir quasi total, la peur au ventre et le pas indécis, avec le risque de tomber à tout instant dans un trou ou dans une cavité invisible du tunnel. Combien de temps mit-elle pour parvenir à l’extrémité de ce dernier, une heure, une journée entière ? Elle n’en avait pas la moindre idée, elle savait juste que ça lui avait paru une éternité et fut très surprise d’en ressortir vivante.

Finalement, elle se retrouvait à l’air libre, à proximité d’une forêt de pins vivifiante et rafraîchissante. Harassée, affamée par tant d’efforts, elle s’écroula au pied d’un arbre et s’endormit. A son réveil, elle se décida à chercher quelque chose à boire et à manger, trouva quelques fruits inconnus sur des arbustes voisins et les engloutit sans même se demander s’ils étaient comestibles. Elle n’avait pas le choix, c’était ça ou la mort. Au bout de quelques minutes de marche, elle arriva à la lisière d’une propriété clôturée, qui était composée d’une grande variété d’arbres d’essence différente et tous plus beaux les uns que les autres.

Elle remarqua tout de suite le grand soin apporté par ses propriétaires à l’entretien du parc, car malgré la sécheresse du climat, de l’herbe verte poussait par endroits entre les massifs et des jets continus arrosaient les plantations. Alice pensa : « Ce doit être des gens très riches qui vivent ici pour posséder un tel domaine. Et combien de jardiniers doivent s’affairer pour couper, élaguer, tailler, planter, arroser chaque jour… » Elle commençait à en faire le tour quand elle aperçut une faille à la limite du grillage. Malheureusement, un grand ravin se trouvait juste en bas et lorsqu’elle se pencha un peu, elle eut la surprise de découvrir au fond du gouffre de gros blocs de pierre jaune et ocre, d’une couleur qu’elle n’avait jamais observée auparavant sur aucun site en Angleterre.

Finalement, en se glissant et en collant bien son corps (qu’elle avait encore très fluet) contre la palissade, elle réussit à se baisser, puis à se faufiler entre les mailles distendues du grillage et à pénétrer dans le jardin. Là, une profusion d’arbres et de plantes s’offrirent à sa vue. Ils étaient disposés harmonieusement de chaque côté d’allées qui se distribuaient de manière naturelle en suivant les déclivités nombreuses du terrain. Elle remarqua la couleur de la terre, qui était ocre, comme le gros bloc qu’elle avait entraperçu tout à l’heure au fond du ravin. Pas un bruit, pas une âme à l’horizon, juste quelques chants d’oiseaux, elle crut reconnaître le bruit de crécelle bien caractéristique de ce qu’elle identifia comme un pic vert, mais elle eut beau regarder partout, elle ne l’aperçut pas. Alors Alice commença sa lente exploration. (à suivre)